Né en Mauricie, dans le comté de Mékinac (« tortue » en algonquin), François Désaulniers a vécu une enfance bercée par le moteur d'un campeur Ford Econoline sur les routes du nord de l'Amérique du Nord. Aujourd'hui, il aime toujours découvrir de nouveaux coins de pays et raconter ses voyages. Retrouvez ses (més)aventures internationales et autres incidents diplomatiques dans les pages de la revue de création littéraire et artistique Art Le Sabord.

 
ART LE SABORD 94 / CARNET D'ISLANDEMi‐avril. Il fait 23 étranges degrés Celsius à l'extérieur. Je suis assis aux côtés d'un couple de Nord‐Ontariens. Jane et Austin. Nouvellement mariés. Sympathiques. Souriants. On jase un peu. Temps mort. On jase e…

ART LE SABORD 94 / CARNET D'ISLANDE

Mi‐avril. Il fait 23 étranges degrés Celsius à l'extérieur. Je suis assis aux côtés d'un couple de Nord‐Ontariens. Jane et Austin. Nouvellement mariés. Sympathiques. Souriants. On jase un peu. Temps mort. On jase encore. Je profite du temps mort n° 4 pour me connecter au « Système de divertissement Icelandair », station « Artistes locaux ». Je me laisse immerger dans un flot de musiques atmosphériques, au milieu de longues constructions progressives planantes, douces et mélancoliques. Les nuages flottent comme des ombres sous le corps géant du Boeing. Je suis en apesanteur sonore. [...]

ART LE SABORD 95 / CARNET DE SLOVÉNIEŽelezniki. Je file dans l’air doux de juin à un grisant 48 km/h. Je frôle le 49. Presque. Les routes sont si étroites que j’ai souvent l’impression de m’engouffrer dans les porches des maisons, dans les entrées d…

ART LE SABORD 95 / CARNET DE SLOVÉNIE

Železniki. Je file dans l’air doux de juin à un grisant 48 km/h. Je frôle le 49. Presque. Les routes sont si étroites que j’ai souvent l’impression de m’engouffrer dans les porches des maisons, dans les entrées de garage. Mon scooter fait des lacets d’un village forestier à un autre, dans les montagnes, entre les rivières turquoise et vertes parsemées de pêcheurs à la mouche, devant des kozolci et des toplar, à travers des forêts d’arbres immenses, comme je n’en avais jamais vues. Moi qui viens pourtant de la ligneuse Mauricie. Je sors mon appareil pour photographier un troupeau de moutons. Ça s’enfuit en bêlant, ça fige raide sur place, ça me dévisage en mâchant la bouche ouverte. Un gros bouc avec une cloche prend des poses provocantes. Je range mon appareil. [...]


ART LE SABORD 96 / CARNET D'IRLANDEPourquoi, je ne le sais pas, mais j’ai toujours rêvé à l’Irlande. Un jour de bruine, j’allais rencontrer une belle bergère irlandaise au détour d’une colline. Avec un sac en bandoulière, une veste en mouton renvers…

ART LE SABORD 96 / CARNET D'IRLANDE

Pourquoi, je ne le sais pas, mais j’ai toujours rêvé à l’Irlande. Un jour de bruine, j’allais rencontrer une belle bergère irlandaise au détour d’une colline. Avec un sac en bandoulière, une veste en mouton renversé, de la paille dans les cheveux, assise dans de l’herbe très très verte, à regarder passer des nuages en forme de pommes de terre. Elle jouerait de la harpe (celtique), la chevelure au vent (en option). / Ça me travaillait depuis longtemps. Alors, j’ai mis le cap sur l’Île d’Émeraude. / Mais avant de partir, le temps était venu de révolutionner la manière que nous avons de voyager. Pourquoi ne pas changer de fuseau horaire dès maintenant? [...]

ART LE SABORD 98 / CARNET DE BROOKLYNMon ami Éric et moi avons chauffé les bancs d’école du Séminaire Sainte-Marie de Shawinigan avant de nous retrouver à l’Université de Montréal, voisins d’appartements. De la Patagonie au Portugal en passant par S…

ART LE SABORD 98 / CARNET DE BROOKLYN

Mon ami Éric et moi avons chauffé les bancs d’école du Séminaire Sainte-Marie de Shawinigan avant de nous retrouver à l’Université de Montréal, voisins d’appartements. De la Patagonie au Portugal en passant par San Francisco et Amsterdam, il aime lui aussi voyager en solitaire. Chacun de notre côté, on a déjà vu le New York qu’il faut avoir vu. C’est fait. Coché. Loin de la pression des incontournables; petit séjour tranquille à Brooklyn avec, en bonus, quelques classiques dans Manhattan. / Nous nous réveillons lentement dans un taxi en direction de l’aéroport Jean-Lesage. Le chauffeur termine son quart de nuit. Il n’a pas grand-chose à dire. Peut-être rêve-t-il qu’il nous conduit. [...]


ART LE SABORD 99 / CARNET DE TENERIFEQu’est-ce que je suis venu faire ici? Après un Montréal-Londres et un Londres-Madrid sans histoire, j’embarque le cœur battant dans un troisième avion qui craque et grince comme un vieil autobus. Direction el sur…

ART LE SABORD 99 / CARNET DE TENERIFE

Qu’est-ce que je suis venu faire ici? Après un Montréal-Londres et un Londres-Madrid sans histoire, j’embarque le cœur battant dans un troisième avion qui craque et grince comme un vieil autobus. Direction el sur. Deux heures après avoir survolé la péninsule ibérique, un doute aussi absurde que tenace m’envahit : va-t-on vraiment arriver quelque part? Tout autour : l’océan. À perte de vue. À l’ouest, sur la carte : le Sahara. Dans les derniers rayons du soleil de novembre, un archipel apparaît pourtant au milieu de l’Atlantique. L’avion amorce sa descente. Il va se poser au pied d'un des plus grands volcans du monde, sur une île quatre fois plus petite que celle d’Anticosti. Si on m’avait dit que je viendrais un jour à Tenerife retrouver ma blonde, une Espagnole des îles Canaries… [...]

ART LE SABORD 100 / CARNET DE SAINT-MALOIl y a une tache sur le banc devant moi, bien incrustée dans le tissu bleu SNCF déjà pas très propre. Au super ralenti, le liquide opaque d’un espresso trop amer s’échappe d’un mini gobelet en carton à anse dé…

ART LE SABORD 100 / CARNET DE SAINT-MALO

Il y a une tache sur le banc devant moi, bien incrustée dans le tissu bleu SNCF déjà pas très propre. Au super ralenti, le liquide opaque d’un espresso trop amer s’échappe d’un mini gobelet en carton à anse dépliable qui vient de glisser des doigts d’un Parisien en cravate fuyant le bureau pour aller passer la fin de semaine dans une vieille bicoque familiale face à l’océan furieux. Cet homme ne s’échappe pas seulement de son travail, de la ville. Il est encore sous le choc de ce qu’il vient d’apprendre. […] Quand on n’a pas un bon livre sous la main, on peut toujours lire dans la saleté environnante, dans les traces de café. / Paris-Saint-Malo. Transit à Rennes. Assis par terre au milieu de mes bagages, hypnotisé par les jets d’eau de la Place de la Gare, je repasse le déroulement de mon spectacle dans ma tête. Je m’en vais en résidence à la Maison du Québec chanter mes chansons aux Malouins et aux passants entre deux fleurdelysés et une paire de raquettes en babiche. [...]

 

À venir : JAPON et OPITCIWAN...